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Tourisme d’hiver : un bilan terni par les tensions sociales
S'il est globalement positif, le bilan pour la saison touristique hivernale 2022-2023 aurait été altéré par l’impact économique des mouvements sociaux sur la clientèle du secteur HCR, selon le gouvernement et les organisations patronales.
« Nos commerçants, nos restaurateurs, nos cafetiers sont partagés entre désespoir et exaspération », a confié Olivia Grégoire, lors du bilan la saison touristique hivernale 2022-2023. Après trois semaines de grèves et les « accès de violence » des dernières semaines, la ministre déléguée chargée des PME, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme a rappelé leurs « conséquences directes » sur la situation économique des acteurs du commerce, de l’hôtellerie restauration et du tourisme et appelé au « respect de la liberté de commercer et au respect de la liberté d’entreprendre ».
Si les chiffres pour la saison touristique hivernale sont « positifs », ces bons résultats sont néanmoins ternis par une baisse pour la journée du 23 mars de 19 %* dans le commerce à cause des différentes manifestations et violences comparé au même jour l’an passé.
Avec, dans le détail, dans les grandes métropoles, – 20 % à Paris, – 31 % à Marseille et – 29 % à Toulouse pour cette journée du 23 mars, correspondant à la 9e journée de mobilisation contre le projet de réforme des retraites. Espérant que « ces baisses ne se confirment pas au mois d’avril », la ministre reste « attentive et vigilante ».
« Entreprises prises au piège »
En attendant, elle dénonce les « assauts de violence dans certaines villes de France ». Les organisations professionnelles représentatives du secteur HCR ont ainsi alerté sur les conséquences de ces manifestions sur l’activité économique. « Nous dressons un état des lieux d’une situation sociale et économique très dégradée sur l’ensemble du territoire qui nous empêche d’exercer notre activité (blocages, violences, poubelles pas ramassées…) […]. Nos entreprises sont prises au piège d’une contestation sociale alors qu’elles sont dans une situation d’extrême fragilité économique », constatait l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH) dans un communiqué.
« Il serait dommage que les bons chiffres de la saison touristique soient mis à mal par une baisse brutale du chiffre d’affaires lié à quelques individus qui sèment la violence », évoque la ministre. Au-delà de l’impact économique, elle pointe du doigt les conséquences des dégradations massives matérielles. « Ce sont pour certains commerçants les efforts de toute une vie […] Ce sont des années de boulot qui partent en fumée ».
Retour progressif aux niveaux d’avant crise
La ministre a précisé poursuivre les échanges avec les acteurs du tourisme et associations de commerçants pour faire le point. « Nous allons tout faire pour que 2023 s’inscrive dans le sillage de 2022 qui était un excellent crû dans le domaine du tourisme ». En atteste notamment le montant historique des investissements touristiques (18,6 Md€), notamment grâce au plan « Destination France » mis en place par le gouvernement pour soutenir les entreprises du secteur touristique, ou encore les recettes touristiques internationales enregistrées en France (57,9 milliards d’euros selon la Banque de France).
Les chiffres de la saison touristique hivernale sont donc « rassurants et pleins d’optimisme ». Ils « démontrent qu’en dépit de l’inflation, les Français sont quand même partis en vacances et que la clientèle internationale est revenue dans l’Hexagone », a insisté la ministre. Ainsi, les premiers chiffres de 2023 sont « encourageants », avec, pour les vacances de février, 27 % des Français qui sont partis en vacances**, contre 25 % en 2019, dont 8 sur 10 sur le territoire national.
Dans le détail, on peut noter une fréquentation hôtelière « au beau fixe », avec une hausse du revenu par chambre de 17,5 % en janvier et de 12,6 % en février par rapport à 2019 ; et une hausse du taux d’occupation dans l’hôtellerie au niveau national en janvier de 17 points par rapport à janvier 2022 et de 8,3 points en février par rapport à février 2022.
Saluant notre attractivité au niveau domestique avec un « repli domestique lié à la crise covid qui continue de s’estomper », Olivia Grégoire s’est félicitée de cette attractivité au niveau européen également. « La France continue à être attractive et à attirer toujours plus de clientèle étrangère ». C’est « la destination numéro un des Européens », selon le baromètre TCI Research pour l’ETC et pour Atout France. Concernant les prévisions pour le printemps, la ministre les a qualifiées d’« encourageantes », avec presque six Français sur dix qui envisagent de partir avant l’été.
*Chiffres issus de l’Alliance du commerce
**Enquête YouGov pour Atout France
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Charlotte de Saintignon
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