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TPE/PME : François Asselin appelle le nouveau gouvernement à « ne pas se tromper de cible »

Avec 62 893 défaillances à fin août selon la Banque de France*, soit proche du niveau de 2009 post-crise financière, les représentants patronaux et le président de CCI France ont évoqué l’inquiétude qui plombe les chefs d’entreprises lors de la table-ronde « PME : décryptage des grands enjeux de la rentrée à trois voix » organisée par l’AJPME le 17 septembre dernier.

TPE/PME : François Asselin appelle le nouveau gouvernement à « ne pas se tromper de cible »
François Asselin enjoint le futur gouvernement à « ne pas déstabiliser tout le tissu économique avec des aventures fiscales qui peuvent tuer toute envie d’entreprendre ». © Thomas SAMSON / AFP

Avec seulement 27 % des chefs d’entreprise qui se déclarent confiants pour l’économie du pays et 59 % qui s’estiment inquiets et s’attendent à des conséquences négatives avec la nouvelle configuration de l’Assemblée nationale**, « l’urgence, c’est l’inquiétude des chefs d’entreprise », prévient Michel Picon. Si le président de l’U2P accueille « favorablement » la nomination de Michel Barnier au poste de premier ministre, il invite le futur gouvernement [encore non nommé au moment de la table-ronde devant les journalistes spécialistes des PME, ndlr], à adopter une politique qui ne soit « pas en rupture » avec la précédente.

Si « le bashing du gouvernement sortant est à la mode », il reconnait néanmoins que le gouvernement, « au moment où l’économie était en difficulté, à deux reprises récemment, a été proche des petites entreprises ». François Asselin, président de la CPME, confirme également son souhait de voir se poursuivre la politique de l’offre. « Il ne faut pas se tromper de cible dans le futur PLF ». Il enjoint à prêter attention à l’ensemble de l’environnement qui concerne les entreprises – coût du travail, environnement normatif, aides… et à ne « pas mollir » sur ces sujets.

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Visibilité et stabilité

Et de rappeler qu’ils ont besoin de « visibilité et de stabilité, sinon la confiance s’étiole. La confiance en matière économique, c’est la main invisible, indispensable pour investir, embaucher, créer ». S’il demande que le futur gouvernement prenne la réalité économique « à bras le corps », il prévient dans le même temps qu’il n’y aura « pas de réforme qui pourra plaire à tous » étant donné qu’il n’y a « pas de réponse simple à des problèmes aussi complexes ».

Soutenant que « la mère des batailles » est l’activité, – « sans activité, point de salut pour le pays en matière économique » – , François Asselin enjoint le futur gouvernement à « ne pas déstabiliser tout le tissu économique avec des aventures fiscales qui peuvent tuer toute envie d’entreprendre », soit, en d’autres termes, à ne pas faire supporter de nouvelles hausses d’impôt aux entreprises. Listant les pré-requis – « politique de l’offre, garder les grands équilibres, donner des perspectives »–, il l’intime ainsi à « ne pas se tromper de cible » pour les choix que le nouveau gouvernement aura à faire.

Mettant en avant la fracture du pays, comme celle du Parlement, Michel Picon appelle de ses vœux à une « stabilité sociale ». Une stabilité qui passe entre autres choses par une meilleure rémunération des collaborateurs. Mais pas question pour autant pour lui aussi de taxer davantage les entreprises. Arguant que celles-ci « ne peuvent pas aller plus loin et répondre aux attentes en termes de rémunération des collaborateurs », il enjoint à faire un « vrai big bang du financement de la protection sociale sur le travail ». Soit à trouver d’autres sources de financement, comme la TVA sociale, une augmentation de la CSG, une révision des droits de succession…, afin que « la protection sociale ne soit plus financée majoritairement par le travail ».

Surendettement et baisse des marges

Alain di Crescenzo, président de CCI France, abonde lui aussi dans le même sens. S’il confirme qu’il va falloir « faire des arbitrages » car on est « dos au mur ». Confiant avoir « rarement vu une situation économique aussi tendue », il affirme néanmoins qu’ « il n’y a pas de marge de manœuvre pour les PME-PMI ». Et de regretter qu’il n’y ait « pas assez de bonnes fées qui se penchent sur le berceau des TPE-PME ». Redoutant la feuille de route qui entend augmenter la fiscalité des entreprises et augmenter le coût du travail, il affirme que « les entreprises n’en ont pas la capacité ».

Pour lui, elles souffrent de trois grands maux : « Elles sont surendettées par rapport à ce que l’on a connu par le passé avec le covid qui a été un accélérateur d’endettement », elles souffrent dans le même temps du manque de croissance pour faire du volume et de la baisse significative de leurs marges du fait d’une inflation galopante. Les PME n’ayant pas le « pricing power », cette capacité à augmenter leurs prix de base, signale-t-il au passage. François Asselin ne dit pas autre chose : « les marges des entreprises sont très fragiles ».

Fléchage des aides

S’ajoutent à ces problèmes conjoncturels des problèmes sectoriels. Et de citer la construction, l’immobilier, l’hôtellerie restauration, ou encore le commerce. Ce que confirme Michel Picon, qui liste dans les priorités à venir la relance du bâtiment. Une relance qui doit cibler à la fois la construction de logements neufs et la rénovation qui souffre des incertitudes qui planent sur les aides de l’État. « Le carnet de commandes est en train de s’effondrer, avec une visibilité de chantier à six mois. Ce n’est pas encore catastrophique, mais il ne faudrait pas que cela dure ».

Autre cheval de bataille, la simplification. « On n’arrête pas de refaire du reporting », déplore-t-il, appelant à reprendre le projet de loi. Sur le sujet, Alain di Crescenzo regrette que les aides ne soient pas suffisamment fléchées. « Nous faisons partie des pays en Europe où il y a le plus d’aides publiques aux entreprises. Mais l’effet de levier n’est pas là car nous avons un problème de réseau de distribution ». Regrettant que « les aides publiques n’arrivent pas forcément au bon endroit », il rappelle la nécessité de s’assurer « que l’aide publique crée le plus gros effet de levier sur la croissance, l’emploi et l’investissement ».

*en données provisoires cumulé sur douze mois

**Grande consultation des entrepreneurs août 2024 OpinionWay pour les CCI réalisée auprès de 465 dirigeants d’entreprises de 3 à 49 salariés

Charlotte de Saintignon

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