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Un dirigeant de PME sur dix est une femme

L’étude de Bpifrance Le Lab « Dirigeantes et dirigeants de PME-ETI : Quelles différences ? », réalisée en partenariat avec le réseau Femmes Chefs d’Entreprises, se focalise sur la réalité des dirigeantes de PME et d’ETI. Principaux enseignements de cette nouvelle enquête.

Un dirigeant de PME sur dix est une femme
Les dirigeants PME/ETI récusent à 68 % le cliché selon lequel « les dirigeantes prendraient moins de risque que les hommes » et s’accordent des rémunérations plus basses en moyenne que leurs homologues masculins. © Getty Images

« Où sont les femmes ? » C’est la question que s’est posé Bpifrance le Lab, le laboratoire d’idées des PME/ETI, dans sa dernière étude. Car si la « littérature sur l’entrepreneuriat féminin se focalise sur la création, les micro-entreprises, les start-ups et les TPE, elle rend très peu compte de la réalité des dirigeantes de PME et d’ETI et de la reprise d’entreprise », relève Bpifrance. Principal résultat de l’enquête* : seuls 12 % des dirigeants de PME et d’ETI (hors TPE) sont des femmes, alors que ces dernières représentent la moitié de la population active. Un chiffre qui relativise les 35 % de cheffes d’entreprises dont on a coutume de parler qui comprend les auto-entrepreneures et les indépendants.

Les femmes dirigeantes possèdent des entreprises de plus petite taille en comparaison avec leurs homologues masculins. Ainsi, 77 % d’entre elles sont à la tête d’entreprises de moins de 50 salariés, hors TPE. Elles ne sont plus que 8 % lorsque l’entreprise compte plus de 100 salariés, et 6 % à plus de 250. Elles sont néanmoins positionnées sur tous les secteurs d’activité, y compris ceux pourtant réputés « masculins » (industrie, BTP, transport), dans des proportions néanmoins inférieures à celles de leurs homologues masculins.

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« Contrairement à ce que l’on peut penser, et c’est une bonne nouvelle, les femmes ne sont pas seulement dans le care et les services à la personne », note Béryl Bès du Réseau économique féminin Femmes Chefs d’Entreprises (FCE). Cela permet de revoir l’image que l’on a des femmes chefs d’entreprise ». En termes de profils, ces femmes dirigeantes de PME/ETI, à la fois « plus jeunes, plus souvent célibataires ou divorcées, de formation commerciale et moins linéaires dans leur parcours », sont qualifiées de « gestionnaires prudentes » et de « capitaines humanistes ».

Toutefois, elles récusent à 68 % le cliché selon lequel « les dirigeantes prendraient moins de risque que les hommes ». Elles s’accordent par ailleurs des rémunérations plus basses en moyenne que leurs homologues masculins, quelle que soit la taille ou le secteur de l’entreprise.

L’accès au financement n’est pas une question de genre

Autre grand enseignement de l’étude, l’accès au financement. Une majorité des dirigeantes (61 %) considèrent comme facile l’accès au financement, soit une proportion comparable à celle des dirigeants (67 %). Un accès qui ne serait finalement pas lié au genre mais à la taille et à l’âge de l’entreprise, à l’ancienneté des dirigeants et à leur voie d’accès à la direction d’entreprise (fondateur, repreneur familial, ou repreneur externe).

40 % des femmes déclarent l’accès au financement difficile voire très difficile lorsqu’elles sont à la tête d’une entreprise de 10 à 49 salariés.

Les difficultés de financement sont ainsi « plus grandes pour les entreprises de petite taille, jeunes, dirigées par un chef d’entreprise moins expérimenté fondateur de son entreprise ». Ainsi, 40 % des femmes déclarent l’accès au financement difficile voire très difficile lorsqu’elles sont à la tête d’une entreprise de 10 à 49 salariés.

Un chiffre qui tombe à 20 % quand elles ont 250 salariés. De même, la moitié des femmes qui gèrent une entreprise depuis moins de cinq ans éprouvent des difficultés en termes de financement, contre seulement 28 % de celles qui sont à la tête de leur entreprise depuis plus de vingt ans.

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Un recours majoritaire à l’emprunt

Comme leurs homologues masculins, les dirigeantes de PME/ETI privilégient l’emprunt bancaire pour financer leurs investissements : il constitue la principale source de financement pour 58 % des dirigeantes (un chiffre qui s’avère identique pour les dirigeants). Deuxième source de financement, l’autofinancement pour 28 % des dirigeantes (31 % pour les dirigeants), ces dernières se montrant plus réticentes aux levées de fonds qui ne sont citées que par 6 % d’entre elles.

Si le genre n’affecte pas l’accès au financement, en revanche, il reste prégnant pour le travail domestique et familial, pour lequel les dirigeantes peuvent moins s’appuyer sur leur conjoint, contrairement aux dirigeants, ce qui pourrait expliquer en partie la faible représentation des femmes dans les instances dirigeantes des PME et ETI.

D’autre part, « leurs récits révèlent de nombreuses discriminations dans les interactions professionnelles », relève l’étude. Les femmes dirigeantes tirent néanmoins leur force de leur capacité à partager le capital et le pouvoir dans la gouvernance de l’entreprise, et à s’entourer à travers des réseaux professionnels féminins.

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La reprise familiale privilégiée

Si de nombreuses dirigeantes de PME/ETI ont créé leur entreprise, une sur trois a accédé à la fonction de dirigeante en reprenant l’entreprise familiale. À la différence des hommes qui sont seulement un sur dix à avoir repris l’entreprise familiale et qui sont davantage positionnés sur la reprise externe (un chef d’entreprise sur cinq). Avec l’enjeu de la reprise de PME et ETI dans les années à venir, on peut néanmoins anticiper une féminisation de la reprise externe.

Suite aux nombreux départs à la retraite de dirigeants, les femmes ont « de belles opportunités », estime Sophie Catuogno.

C’est ce qu’anticipe Sophie Catuogno, qui a repris l’entreprise familiale ACS Chaudronnerie à Grenoble : suite aux nombreux départs à la retraite de dirigeants, les femmes ont « de belles opportunités », estime-t-elle. Il y a « une volonté de maintenir l’héritage familial très forte » chez ces repreneuses familiales, décrit Elise Tissier de Bpifrance Le Lab. En termes d’actionnariat, le capital est largement partagé avec la famille et l’étude relève une approche de l’endettement qualifiée de « prudentielle » et pas, ou peu, d’ouverture à des fonds d’investissement.

*Enquête en ligne menée auprès de 417 dirigeantes et 743 dirigeants de PME-ETI ; enquêtes de Bpifrance Le Lab, réalisées entre 2019 et 2021 ; 22 entretiens de dirigeants et dirigeantes et 5 entretiens d’experts.

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Charlotte de Saintignon

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