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Un salarié sur deux est prêt à travailler plus en cas de difficultés
Un changement de mentalité s’amorce sur le temps de travail en France. Si les 35 heures restent la durée légale, les aménagements successifs l’ont rendu relativement théorique pour les salariés. En cas de dégradation de la conjoncture, ces derniers se disent même prêts à travailler plus sur un temps défini sans gagner plus.
Près de la moitié des Français seraient prêts à travailler plus de manière temporaire sans hausse de leur rémunération si leur entreprise rencontrait des difficultés. Les mentalités des Français seraient-elles en train d’évoluer ? Des résultats pour le moins étonnants. Pour Catherine Martel, responsable Etudes Marketing et Veille Groupe Randstad France, « l’activité des entreprises reste très cyclique, elle n’est pas pérenne en termes de croissance. Cela a été intégré d’abord par les entreprises et maintenant par les salariés qui voient que l’environnement a changé. Reste à voir comment les organismes publics vont réagir et ce qu’ils vont mettre en place ». En Allemagne, le chômage partiel, la flexibilité et l’aménagement du temps de travail ont été largement utilisés pour lutter contre la crise. Le pays s’est engagé dans une stratégie de réduction du nombre d’heures travaillées par salarié et de modulation du salaire en fonction de l’activité. D’où un plus grand nombre de personnes travaillant à temps partiel Outre-Rhin. En France, cette mesure ne fut que très peu mobilisée. « On a toujours privilégié la stabilité salariale quel que soit le contexte économique » reconnaît Catherine Martel. L’Hexagone avait plutôt tendance à mobiliser des mécanismes de flexibilité externe –plans de sauvegarde de l’emploi, PSE– que des outils de flexibilité interne. Avec les résultats que l’on connait dans l’Hexagone, un taux de chômage qui est passé de de 7,8 % à 9,4 % entre 2008 et 2009, contre une augmentation de 0,2 point seulement Outre-Rhin alors la récession y était plus forte.
Les 35 heures volent en éclat
Dans les faits, la grande majorité des salariés à temps plein en France travaille chaque semaine bien au-delà de 35 heures. Si la majorité des salariés à temps plein interrogés (54,1 %) doivent travailler 35 heures par semaine selon leur contrat de travail, ils sont deux fois moins (28,4 %) à travailler effectivement 35 heures hebdomadaires, lorsqu’on prend en compte les heures supplémentaires. « Les 35 heures ont en réalité valeur de symbole pour les salariés étant donné qu’une très grande majorité d’entre eux (70 %) travaille bien au-delà » commente François Béharel, président du groupe Randstad France, membre exécutif du Conseil d’administration de Randstad holding. L’organisation du temps de travail a été largement assouplie ces quinze dernières années avec la mise en place des RTT, l’annualisation du temps de travail, le relèvement progressif des contingents d’heures supplémentaires, la défiscalisation des heures sup, l’extension du forfait-jour à tous les salariés… Un assouplissement renforcé par la loi El Khomri qui permet dorénavant aux entreprises, sous réserve d’un accord d’entreprise majoritaire, de modifier le temps de travail selon des dispositions moins favorables pour le salarié que celles définies dans l’accord de branche.
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Augmenter son salaire reste la préoccupation principale
Si l’on regarde dans le détail les motivations des salariés à travailler davantage, sans surprise, le premier motif est financier. « Augmenter son salaire » est ainsi la raison la plus fréquemment citée par les salariés interrogés (86,3 % d’entre eux la citent parmi plusieurs réponses possibles). Ce motif devance largement les autres, dont notamment le fait de « franchir une nouvelle étape dans sa carrière », deuxième explication la plus fréquemment citée (par 19,7 % des sondés). Deux questions totalement décorrélées du fait que les Français sont prêts à travailler plus de manière temporaire sans hausse de leur rémunération si leur entreprise est en difficulté. A l’inverse, les raisons qui les conduiraient à travailler moins portent soit sur le fait d’ « avoir du temps libre pour soi », premier motif avancé avec 66,8 % des suffrages, soit sur des préoccupations liées à la famille et aux enfants.
*Etude Randstad Award réalisée entre septembre et décembre 2015 auprès de 5 958 salariés à temps plein entre 18 à 65 ans
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