Interview
Denis Renaud, PDG de Paté, à Flin, dans le Lunévillois (54)
A la tête d’une entreprise familiale de pointerie-tréfilerie dans laquelle il était d’abord entré comme cadre commercial, Denis Renaud est aussi un homme engagé dans de nombreux mandats syndicaux et associatifs. « Mon quotidien, c’est le mouvement », décrète ce Lorrain passionné.
Quel est le bilan de votre entreprise pour l’année 2008 ?
Nous avons eu une très bonne année jusqu’en septembre. Ensuite, nous avons commencé à ressentir la conjoncture. Mais 2008 reste une bonne année avec un chiffre d’affaires qui s’établit à plus de 4 millions d’euros et une production de produits tréfilés de 4000 tonnes. Nous restons deuxièmes au niveau français en ce qui concerne la production de pointes. Cela représente 12 % du marché national.
Comment abordez-vous cette année ?
Nous nous attendons à une année délicate, mais il n’y a pas péril en la demeure. Beaucoup de paramètres feront pencher la balance d’un côté ou de l’autre. Notamment la capacité qu’auront les producteurs et importateurs étrangers à faire des livraisons en quantité démultipliée. Car avec une activité en baisse, faire partir des camions complets, ce n’est pas logique. Cela veut dire que certains clients français vont se retourner vers nous.
Des clients que vous ne touchez pas ?
Si, nous travaillons toujours avec eux. Mais sur les produits bas de gamme, certains ont tendance à se tourner vers l’étranger. Ceci au détriment de la qualité, d’ailleurs. Ce qui fait courir un risque à l’utilisateur. Surtout au regard des tempêtes que nous avons connues dernièrement, où l’on s’aperçoit de l’importance de fixations qui tiennent le coup. Je suis toujours étonné de constater qu’on veut le meilleur sur la charpente et qu’on mégote sur ce qui tient le tout !
Pour revenir à Paté, quel avenir donc ?
La santé financière de l’entreprise nous permet de naviguer dans le gros temps en 2009 et 2010. Nous n’avons pas perdu de clients, mais il y a une baisse des volumes dans les commandes. Et une baisse des prix liée à celle de la matière première. Ce qui entraîne une bagarre sur les prix pour obtenir des marchés. De plus, les capacités de règlement de certains de nos clients sont délicates. Il nous faut faire attention. Mais nous avons une clientèle fidèle. Et les banquiers nous connaissent bien et peuvent nous soutenir.
Syndicat du tréfilage et de l’acier, union des industries et des métiers de la métallurgie 54, Medef 54, Handi 54… vous vous êtes investi dans de nombreux mandats. Pourquoi ?
Je pense qu’un dirigeant ne doit pas être fermé à la société et au monde. Tout est lié. Si une entreprise marche, c’est parce qu’elle produit et vend. Et en face, il y a des gens qui consomment et utilisent nos produits à un moment ou un autre. Il faut rester en conscience avec l’évolution des mentalités.
Les mentalités ont-elles évolué en matière de recrutement de travailleurs handicapés ?
Non. Les patrons qui font cette démarche, sont sensibilisés au handicap. Parce qu’ils ont eu affaire à lui dans le cadre privé ou professionnel, ou qu’ils ont entendu notre message. Notre but est de les aider à embaucher à long terme une personne souffrant d’un handicap certes, mais qui apportera des compétences. Tout en étant motivée, car elle sait l’importance du travail.
Propos recueillis par Isabelle Kurth
Le Journal des Entreprises
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