Interview
Françoise Plessis, co-gérante de La Passion du Bois
Françoise Plessis, co-dirigeante de La Passion du Bois, une entreprise du bâtiment, a été confrontée au durcissement des crédits bancaires pour les PME. A la limite du dépôt de bilan à cause d’un impayé, la petite entreprise a pu redresser la barre, en partie grâce à la banque publique Oseo.
Il y a quelques semaines, votre entreprise s’est retrouvée médiatisée. Dans quelles circonstances ?
Nous avons fait visiter au secrétaire d’Etat, Hervé Novelli, un de nos chantiers de menuiserie intérieure fin octobre. Il avait souhaité rencontré une société qui disposait de tous les paramètres pour avoir des prêts bancaires et ne les obtenait pas à cause de la crise. Il est venu pour officialiser la signature d’un crédit de 70.000 euros avec Oseo.
Pourquoi avez-vous été cité en exemple ?
Notre société fait de la menuiserie intérieure et extérieure. Nos clients sont composés d’entreprises et de particuliers et nous intervenons également sur des marchés publics. Or, cet été, l’un de nos clients n’a pu honorer ses dettes car il n’a pas obtenu de prêt. Nous nous sommes retrouvés avec 150.000 euros dehors. Avec, pour conséquence, le rejet de nos traites fournisseurs. Il nous fallait de la trésorerie très rapidement, nous sommes donc allés voir nos partenaires bancaires. Mais au vu de notre impayé, notre cote Banque de France* avait chuté. On nous a alors dit que tant que notre situation ne serait pas régularisée, on ne nous prêterait pas. Du côté des fournisseurs, certains nous ont suivis parce qu’ils croient en notre société et ont choisi de prendre des risques, mais ça n’a pas été le cas de tous. Nous avons été très proches du dépôt de bilan…
Vous vous êtes alors tournés vers la banque publique des PME ?
Oui, j’ai appelé Oseo. Avec un chiffre d’affaires qui devrait tripler par rapport à l’exercice 2007, il aurait été dommage de ne pas se battre ! Ils ont constaté que notre carnet de commandes était plein et notre demande de prêt est passée sans problème. Ils ont cru en nous et, dans le cadre du plan de soutien au financement des PME, ont consenti un crédit de 70.000 euros. Parallèlement, un de nos partenaires bancaires nous a accordé un prêt de 125.000 euros.
Et aujourd’hui, quelle est votre situation ?
Aujourd’hui, les fournisseurs sont payés. Nous n’avons pas une trésorerie mirobolante, mais nous redressons la barre.
Etes-vous plutôt optimiste ou pessimiste quant à l’activité des mois à venir ?
Hormi cet impayé, nous ne ressentons pas vraiment de répercussions de la crise. Nous enregistrons déjà des commandes pour le deuxième semestre 2009, grâce notamment à nos deux activités de charpente et ossature bois en plein développement. Malgré tout, nous constatons que certains projets ont été retardés alors qu’ils auraient dû être validés en septembre. Nous sommes donc prudents, surtout que nous ne sommes pas à l’abri de nouveaux impayés.
Quels sont vos objectifs désormais ?
Travailler pour que notre cote Banque de France remonte. Pour ce faire, j’attends la fin de l’exercice au 31 décembre afin de fournir mon bilan.
Propos recueillis par Nelly Lambert
Rédaction de NetPME
* Zoom sur la cotation Banque de France
La Banque de France, organisme indépendant, attribue une cotation aux entreprises recensées dans la base de données Fiben. Celle-ci apprécie leur solvabilité ou leur capacité à rembourser un crédit sur un horizon donné. Cette cotation est ensuite utilisée par les banques commerciales qui possèdent elles-mêmes leur propre système de notation. Elles l’utilisent comme une source d’information permettant d’apprécier le risque lié à un emprunt. En revanche, elles ne peuvent ni diffuser ces informations à l’extérieur de leur établissement, ni les transmettre aux agences de renseignements ou aux assureurs-crédit.
La pratique de la notation se développe et touche de plus en plus d’entreprises, PME et même TPE, à partir de 750.000 euros de chiffre d’affaires ou au-dessus d’un certain engagement bancaire. La cotation Banque de France est mise à jour régulièrement, dès la connaissance d’une information nouvelle et utile pour l’analyse du risque.
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