Interview
Gilles Moro, fondateur et dirigeant de Ticket Surf International
Ticket Surf International, distributeur de cartes prépayées, a obtenu, le 24 octobre, l’agrément de la Banque de France en qualité d’établissement financier, émetteur de monnaie électronique. Une bonne nouvelle pour son PDG, Gilles Moro, et qui va permettre à l’entreprise de poursuivre son essor international.
Pouvez-vous présenter votre activité ?
Ticket Surf International est une start-up née au sein du service R&D de Orange-France Télécom. Le projet a été en partie conçu par l’équipe qui a travaillé sur le porte-monnaie électronique Monéo. Pour autant, notre entreprise n’est pas une filiale de l’opérateur télécom. Notre idée était de proposer un moyen de micro-paiement prépayé grâce à un ticket à gratter ou à un code. Trois ans plus tard, les cartes Ticket Surf sont proposées dans les deux tiers des bureaux de tabac et tabac-presse équipés d’un terminal point de vente.
Que peut-on payer avec ?
Ils sont surtout utilisés dans le cadre des jeux, que ce soit de simulation, à dotation ou en réseaux. 90 % de notre chiffre d’affaires en est issu. Mais nous avons également conclu des contrats de partenariat avec des sociétés proposant des services à la personne, de la presse, de la musique ou encore de la vidéo. En tout, nous disposons ainsi de plus de 270 accords, dont plus de 200 concerne le monde du jeu. Le point fort de Ticket Surf pour nos partenaires ? Nous leur amenons du chiffre d’affaires en plus.
A qui s’adresse ce mode de paiement ?
Nous distinguons trois cibles : d’abord, un public adolescent, qui ne possède pas de carte bancaire et pour qui Ticket Surf constitue une solution simple. Ensuite, on constate qu’il existe beaucoup de personnes qui craignent de laisser leurs codes de CB sur Internet. Nous leur proposons une alternative sécurisée et anonyme. Enfin, il y a ceux qui ne souhaitent pas payer en CB pour de faibles montants. Aujourd’hui, nous leur proposons des cartes de 15, 20, 30, voire 50 euros.
Vous avez obtenu le statut de Jeune entreprise innovante. C’était important pour vous ?
Oui, car l’obtention de ce statut nous a bien aidé au départ. Il permet en effet, entre autres, de payer moins de charges sociales sur les salaires : 15 % au lieu de 44 % ! Nous avons également bénéficié du crédit d’impôt recherche. Dans le bilan, cela nous a permis de passer en résultat positif après seulement deux années d’activité…
Vous venez d’obtenir l’agrément de la Banque de France en qualité d’émetteur de monnaie électronique. Qu’apporte-t-il à l’entreprise ?
Avec cette licence, obtenue après deux années de discussions et six mois d’aller-retour du dossier à l’administration, Ticket Surf va permettre d’acheter des biens physiques et non plus seulement des biens et services immatériels. Cela nous ouvre de nouveaux horizons. De plus, en tant qu’établissement financier, nous pouvons désormais émettre des cartes prépayées jusqu’à 150 euros.
Cet agrément, c’est aussi la possibilité de demander le passeport européen qui nous permettra de distribuer dans d’autres pays européens. Aujourd’hui, nous sommes présents en Belgique, mais nous avons dû pour cela créer une filiale belge. Nous sommes également freinés par l’exception française concernant la solidité financière : il nous est demandé 2 millions de fonds propres pour avoir le passeport européen, alors qu’ailleurs, 1 million suffit…
Quels sont vos prochains objectifs ?
Le gros de notre marché se situe en France. Avec la libéralisation des jeux en ligne (NDLR : celle-ci est prévue pour le deuxième semestre 2009), il y a un potentiel énorme. Nous cherchons parallèlement à poursuivre notre déploiement à l’international. Aujourd’hui, nous avons exporté notre technologie dans 15 pays, francophones, mais plus uniquement, grâce à la Roumanie, la Pologne ou encore le Brésil. 30 % de notre chiffre d’affaires est ainsi réalisé à l’étranger.
Propos recueillis par Nelly Lambert
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