Interview
Laurent Pascal, fondateur et dirigeant de Eliya, à Versailles (78)
Agé de 24 ans et déjà à la tête de deux agences de prestations de service à domicile haut de gamme, à Paris et à Versailles, Laurent Pascal n’entend pas céder aux sirènes alarmistes du moment. Et ambitionne pour Eliya un développement national ciblé.
A qui s’adresse votre prestation ?
Nous recrutons et gérons du personnel de maison – garde d’enfants, gouvernantes, femmes de ménage ou encore chef à domicile – avec la qualité de service de l’hôtellerie haut de gamme. Notre clientèle est majoritairement composée de dirigeants d’entreprise et de CSP +, mais nous nous adressons également à une clientèle plus riche, propriétaire d’une résidence secondaire sur Paris ou répondons aux problèmes de garde d’enfants récurrents dans la Capitale.
Comment en êtes-vous venu à créer votre entreprise à 21 ans ?
J’ai toujours voulu créer mon entreprise. Je suis d’abord passé par une école hôtelière avec l’objectif d’acquérir des compétences dans un domaine qui m’intéressait, puis j’ai enchaîné avec une école de commerce avec l’idée de créer mon activité. Cela m’a permis de compléter mes connaissances en finances, en management et en commercial. Durant cette période, j’ai d’ailleurs effectué tous mes dossiers et travaux sur la future Eliya…
A-t-il été difficile de vous lancer du fait de votre âge ?
Absolument pas, d’autant que j’ai essayé de m’entourer le plus possible. J’ai d’ailleurs bénéficié du soutien familial, notamment de la part de mon frère, spécialisé dans le mon de l’animation, qui m’a aidé à construire mon projet. J’ai également constaté que certains partenaires appréciaient que je sois ambitieux et que je prenne des risques. Finalement, le plus difficile a été de comprendre les rouages du monde de la création d’entreprise : il y a tellement d’organismes administratifs, sociaux, juridiques… J’ai compté que j’avais eu une vingtaine de déclarations à effectuer !
Comment vivez-vous la crise ?
J’ai effectivement lu dans la presse que le marché des services à la personne semblait stagner mais, pour ma part, je ne me reconnais pas dans ce constat. D’ailleurs, sur les cinq premiers mois de l’année, nous avions déjà dépassé le chiffre d’affaires réalisé en 2008… En revanche, on ressent les effets de la crise dans nos rapports avec les banques, tant pour la trésorerie que pour financer le développement de l’entreprise. Nous nous sommes donc dirigés vers une autre piste : l’ouverture du capital d’Eliya, principalement à des investisseurs privés, dans un premier temps à hauteur de 10 % puis, dans un second temps, de 25 %.
Parallèlement, nous recrutons, pour la rentrée, 40 personnes, en particulier des gouvernantes et des employés de maison, à temps complet, ce qui constitue une de nos particularités. Nous avons en effet prévu d’ouvrir une troisième agence dans le sud de la France d’ici au début de l’année 2010, puis une quatrième. Nous ambitionnons un développement national, avec un potentiel estimé à 10-15 agences maximum, en ciblant les grandes agglomérations.
Le secteur des services à la personne peine généralement à recruter. Est-ce le cas pour vous, alors même que le chômage augmente en France depuis plusieurs mois ?
Les candidats sont nombreux : nous collaborons avec le service emploi de la mairie de Paris et avec plusieurs structures. Ils sourcent les candidats qui viennent ensuite passer un entretien chez nous. Mises en situation, tests, vérification des références professionnelles… notre processus de recrutement est exigeant. Mais, en contrepartie, nous proposons des conditions attractives : nous rémunérons en moyenne 10,50 euros brut de l’heure (le Smic horaire est de 8,82 euros depuis le 1er juillet, NDLR). Nous proposons également de nombreux avantages : prise en charge des transports à 100 %, formations pendant les périodes de vacances scolaires… Enfin, nous veillons à entretenir la motivation de nos salariés. Ainsi, nous ne proposons pas de travail nécessitant 30 minutes de transport à une personne qui ne veut pas dépasser les 20 minutes.
Nous cherchons aussi de nouvelles solutions pour répondre à nos besoins de recrutement. Ainsi, nous avons prévu de créer un institut de formation en alternance dès septembre pour les personnes qui ont un niveau de qualification un peu inférieur à nos exigences.
En fait, même si c’est difficile de recruter des personnes qualifiées, je considère que ce n’est pas vraiment un problème : le recrutement, c’est une partie de notre métier, on ne va pas s’en plaindre !
Propos recueillis par Nelly Lambert
Rédaction de NetPME
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