Interview
Ludovic Michetti, fondateur et associé de Bubble Pro, à Paris
Jeune entrepreneur de 25 ans, Ludovic Michetti propose, avec ses deux associés, un concept innovant : des meubles à la fois gonflables, nomades, mais aussi esthétiques et personnalisables. Un nouveau support de communication pour les entreprises auxquelles Bubble Pro s’adresse qui se veut aussi une nouvelle solution logistique…
Comment est née l’idée de Bubble Pro ?
Il m’a fallu environ deux années pour que l’idée de Bubble Pro prenne forme, entre mes déménagements successifs en France, aux USA, en Angleterre. Aux Etats-Unis, j’ai eu recours aux services de location de meubles en Californie. Ca marchait très très bien… C’est là que je me suis dit que je tenais quelque chose. J’avais construit mon business plan et j’étais vraiment à deux doigts de lancer ce projet-là. Sauf qu’au dernier moment, j’ai sentis qu’il y avait quelque chose qui clochait : je me suis dit que 50 euros de location par mois, c’était trop cher…
Malgré tout, je cherchais une idée simple autour du meuble, qui intègre à la fois les notions de design et de prix. Un jour, je me suis rendu chez un ami. Il possédait un canapé gonflable rose fluo et là, ça a été le flash. C’était horrible, mais en même temps, il y avait une touche marketing qui me plaisait, alors que c’était du mobilier de piscine à 20 euros.
En 2010, j’ai intégré un Master spécialisé à l’Ecole supérieure de commerce de Paris. Et là, sans m’en rendre compte, j’ai créé mon entreprise. Je me suis retrouvé à aller voir des clients avec ce produit, à négocier avec de grosses entreprises sans avoir créé juridiquement de société.
De quelle manière en êtes-vous arrivé au concept Bubble Pro ?
Je suis partie de ce canapé de piscine et je l’ai fait évoluer en y injectant de l’innovation.
J’ai volontairement travaillé une approche marketing très décalée et haut de gamme pour faire oublier le côté gonflable.
Côté design, j’ai là aussi fait en sorte de changer l’image du produit en passant des boudins accolés à un bloc unique, comme dans un canapé classique. J’ai ajouté des housses personnalisables en textile.
Parallèlement, j’ai amélioré la résistance du produit, là encore pour faire oublier le côté gonflable. Car dans l’esprit des gens, gonflable égale jetable. Or, notre mobilier dure en moyenne 4 à 5 ans, et en plus, il se répare.
Pourquoi avoir finalement choisi de vous adresser au marché des professionnels plutôt qu’à un public de jeunes ?
C’est simplement le marché qui a parlé : il s’est trouvé que nos premiers clients étaient dans l’événementiel. Et puis, la concurrence est moindre que dans le B to C où de nouvelles tendances sortent toutes les semaines. Avec mes associés, on ne voulait pas rentrer dans ce côté tendance qui passe très vite, mais apporter une solution à un besoin logistique : c’est la meilleure façon de pérenniser le produit, sinon dans deux ans, on n’entendra plus parler de Bubble.
Finalement, qu’est-ce que vous vendez ?
On ne parle plus de mobilier gonflable, mais d’une solution globale. C’est le concept dans sa globalité qui plaît. L’aspect logistique d’abord : cinq minutes suffisent pour gonfler ou dégonfler nos meubles et entre deux utilisations, ils sont très facilement stockables grâce à un encombrement minimum. L’esthétisme ensuite, avec un design poussé, des couleurs acidulées. C’est aussi un support de communication original, grâce à la technologie de personnalisation qui a été développée. Enfin, nous proposons une offre commerciale de vente, mais aussi de location performante : nous sommes capables de livrer notre mobilier partout et de faire intervenir une personne pour assurer l’entretien.
Quelle est votre client cible ?
Nous ciblons en priorité les grands comptes. Nous avons d’ores et déjà travaillé avec Quiksilver, M6 Web, des agences d’événementiel et de communication. Nous visons aussi le marché du mariage, pour tous ceux qui recherchent quelque chose d’unique car c’est un marché considérable et qui fonctionne beaucoup avec le bouche-à-oreille.
Nous leur proposons une nouvelle solution, notamment au travers de la location, car aujourd’hui les entreprises n’ont plus les moyens ou la volonté de stocker.
Etes-vous satisfait du démarrage de votre entreprise ?
Objectivement, on n’a encore rien fait. On a déjà travaillé avec de beaux clients qui étaient contents, c’est une bonne chose. Mais on a encore un gros travail à faire. Notamment sur le développement de nos produits, par exemple. Et puis il faut qu’on se fasse connaître et qu’on vende ! C’est dans ce sens que nous avons sorti un site internet qui a une approche plutôt grand public que B to B. On est en effet partis du principe que les responsables événementiel des grandes entreprises vont sur le marché du B to C.
Mais il n’y a pas que l’image de marque qui compte. La qualité du produit, du service, c’est ça l’essentiel ! Notre objectif est de devenir le spécialiste du mobilier gonflable, tel qu’on le conçoit, sur le marché français, voire européen et il va falloir beaucoup travailler pour cela !
Qu’est-ce qui vous a poussé à monter votre boîte si jeune ?
Curieusement, ce n’est pas les écoles de commerce que j’ai fréquentées qui m’ont fait prendre le pas de la création d’entreprise. En revanche, je pense que mon parcours comme sportif de haut niveau au centre olympique lyonnais y a contribué. A 19 ans, quand j’ai claqué la porte du foot, j’ai décidé de prendre un chemin différent. Mes études se passaient bien et j’étais déjà attiré par l’entrepreneuriat alors qu’il n’y avait personne dans mon entourage qui avait suivi cette voie. J’avais le sentiment d’être destiné à cela en fait…
J’ai choisi d’étudier à l’école internationale de Montpellier, parce qu’elle était très portée sur le terrain. Dès la première année, j’ai ainsi travaillé sur des projets d’entreprise. La troisième année, je suis parti aux USA et là-bas, tout le monde crée quelque chose. La semaine, j’étais en stage et le week-end je travaillais déjà sur un projet, un concept de mobilier pour étudiants. Derrière, j’ai enchaîné avec une école de management en Angleterre et là aussi, j’ai choisi une spécialisation entreprise. Et puis, à un moment donné, j’ai été confronté à un choix : faire un nouveau stage aux USA ou bien créer mon entreprise, j’ai décidé d’essayer de faire mes preuves, sans pour autant monter tout de suite ma boîte. J’ai d’abord intégré une start-up. Avec le recul, je pense que j’ai eu peur car j’avais accumulé plusieurs expériences à l’étranger mais aucune en France. Grâce à toutes ces expériences, j’ai pu en tirer des leçons que je mets à profit aujourd’hui dans mon entreprise. Ce qui ne m’empêche pas de faire beaucoup d’erreurs !
Propos recueillis par Nelly Lambert
La rédaction de NetPME
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