Interview
Sylvie Petiot, directrice générale de Lagarde & Meregnani
De la jeune sténodactylo mosellane à la directrice générale de Lagarde & Meregnani, une entreprise de bâtiment, Sylvie Petiot a gravi les échelons de sa vie professionnelle tout naturellement, en suivant des formations internes et son intuition. Accompagnée de son mari, elle prépare désormais la transmission de l'entreprise.
Lagarde & Meregnani reste une entreprise d’importance dans son domaine, malgré une baisse d’activité.
Sylvie Petiot : C’est vrai, il y a un petit à-coup actuellement, mais je pense qu’il sera finalement bénéfique pour le BTP : il y avait une frénésie ces dernières années qui n’était pas forcément positive. Avec un chiffre d’affaires de 32 M€ au 31 mars, nous restons parmi les dix entreprises françaises de notre secteur, celui de la finition. Mais ce n’est pas une fin en soi, même si c’est une belle satisfaction. Faire du CA ne veut pas dire que l’entreprise est rentable…
Vous êtes optimiste alors ?
Lagarde et Meregnani a des perspectives. Avant, la peinture, représentait 75 % de notre chiffre d’affaires. Aujourd’hui, nous sommes en dessous de 50 %. Notre activité mute. Nous travaillons davantage sur la pose de sols, notamment sportifs. Nous augmentons également notre champ d’action. Le Grenelle de l’environnement nous offre ainsi de belles perspectives et nous ne laisserons pas passer les opportunités. Actuellement, nous étudions la création d’un pôle autour de l’isolation. Tout le monde réfléchit en termes d’économie d’énergie. Et avec la hausse du prix du pétrole, nous sommes tous contraints de faire des efforts.
Ce qui ne vous empêche pas de penser à la transmission de votre entreprise ?
Depuis le 1er octobre 2004, nous avons lancé un plan de transmission. Nous avons pris cette décision en LMP (Location en meublé professionnel, NDLR) avec quatre cadres. C’est la conséquence de trois propositions d’achat intervenues en 2003. Même si nous nous étions déjà dits, mon mari et moi, que nous anticiperions cette étape le plus tôt possible. Car nous avions vécu une transmission sur 10 ans avec Bernard Meregnani et c’est bénéfique pour l’entreprise.
Vous n’avez pas voulu donner suite à ces propositions de rachat ?
Cela a été un grand moment de réflexion. On pouvait prendre l’argent et profiter de la vie. Mais cela ne colle pas avec la mentalité de mon mari. Et puis, on avait embauché beaucoup de jeunes, on ne pouvait pas leur dire « on part » et les laisser face à l’inconnu. Cela nous a permis de réfléchir sur le devenir de l’entreprise. C’est ainsi que nous avons sollicité nos quatre cadres.
Comment cela se passe ?
C’est un challenge important pour eux, car la barre est haute. Ils en sont conscients. Mais ils sont compétents pour ce projet. La seule chose que Serge et moi nous nous obligeons à faire, c’est de partir le plus souvent possible pour les laisser au volant. Notre départ est programmé pour 2013. Mais j’aimerais quitter l’entreprise un peu plus tôt, car j’ai beaucoup de choses à faire. Ce qui ne m’empêchera pas de conserver quelques fonctions.
Parmi vos mandats ?
Oui, car derrière les réseaux (Sylvie Petiot est vice-présidente du Conseil économique et social de Lorraine, trésorière de la CCI de Meurthe-et-Moselle et présidente de l’association Saint-Jacques activités, regroupant une cinquantaine d’entrepreneurs, NDLR), l’enjeu est humain. L’échange nous permet d’avancer. Pour autant, je ne voudrais pas que l’on dise que je fais cela pour le business. Je le fais pour faire avancer les choses pour les entreprises. Même si, à un moment donné, il y a forcément des répercussions sur la société. De plus, dans l’association Saint-Jacques activités, nous venons de différents secteurs. C’est un bon thermomètre pour tout et notamment pour trouver des idées afin d’avancer ensemble.
Parcours
- 6 décembre 1954 : Naissance à Château-Salins (57).
- 1970 : Obtient son CAP employée administrative.
- 1971 : Entre à Lagarde & Meregnani à Nancy, comme sténodactylo.
- 1985 : Passe un brevet technique aménagement et décoration.
- 1986 : Entre au capital et au conseil d’administration. Devient responsable administrative.
- 1991 : Directrice générale adjointe.
- 1993 : Directrice générale.
- Depuis 2001 : Représente le BTP au Conseil économique et social de Lorraine.
- Depuis 2003 : Présidente de l’association Saint-Jacques activités.
- Depuis 2004 : Trésorière de la CCI de Meurthe-et-Moselle
Propos recueillis par Isabelle Kurth
Le Journal des entreprises
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