Interview
Thibaud Bussière, gérant, cofondateur de Neotys
Ingénieur de formation, Thibaud Bussière a créé son entreprise avec deux anciens collègues pour répondre à un besoin non couvert sur le marché informatique : un outil de test des applications web simple et facile d’utilisation. Dotée du statut d’entreprise innovante, Neotys réalise aujourd’hui 70% de son activité à l’international.
Pouvez vous nous présenter votre entreprise ?
Thibaud Bussière : Neotys est une entreprise qui développe des outils de test de performance des applications web (sites Internet ou Intranet) avant leur mise en ligne. Concrètement, il s’agit de simuler l’utilisation de l’application par des utilisateurs pour voir si tout fonctionne bien. Les produits existants étaient chers et compliqués, réservés à des experts de l’informatique. Notre apport, c’est d’avoir créé un outil simple, facile à utiliser et financièrement beaucoup plus abordable, et répondant aux besoins de 80% des créateurs d’applications.
Comment avez-vous démarré ?
Nous étions 3 ingénieurs chez un éditeur de logiciel et cherchions justement un produit tel que le nôtre. Comme nous ne l’avons pas trouvé sur le marché, nous avons décidé de le développer ! C’était en 2004. Nous avons passé plus d’un an chez un incubateur pour structurer notre projet, monter un business plan et apprendre les ficelles de la création d’entreprise. Cette étape était indispensable car nous étions centrés sur la technique, et donc pas très au fait des dispositifs ouverts aux créateurs.
Quelles ont été vos sources de financement ?
Nous avons réuni 48000 euros : 16 000 via un prêt régional à la création, 16 000 euros issus d’un prêt à taux zéro de l’Anvar et 16 000 euros venant d’un prêt bancaire classique. Nous sommes partis avec des fonds propres, par désir d’indépendance et de maîtrise de notre activité. Pour l’instant, nous réussissons à nous développer sans l’aide d’investisseurs : cette année, nous pensons réaliser 1 million d’euros de chiffre d’affaires pour dix salariés.
Vous êtes soutenu par OSEO/Anvar : qu’est-ce que cela vous apporte ?
Du financement ! Le soutien de l’Anvar déclenche un prêt à taux zéro, mais aussi une subvention à l’embauche des deux premiers salariés en Recherche & Développement. En outre, l’aide de l’Anvar est intervenue très vite après la création, elle nous a donc donné de l’air et permis de démarrer plus vite.
Et le statut de jeune entreprise innovante ?
C’est une aide accordée par le Ministère de la Recherche, sur le même principe que l’Anvar. Mais le dossier est franchement plus compliqué à monter. Nous avons dû changer d’expert comptable et en prendre un plus au fait de ces questions. Concrètement, le statut de jeune entreprise innovante est très attractif car il exonère de charges sociales les salariés en R&D, il accorde une exonération de l’impôt sur les sociétés de 100 000 euros sur trois ans et finance jusqu’à 50% des dépenses de R&D la première année.
L’innovation est vraiment une nécessité pour vous ?
Elle est vitale ! C’est sur elle que repose le succès de notre entreprise. Sur dix salariés, 6 sont des ingénieurs développeurs. Nous nous efforçons de sortir chaque année une nouvelle version présentant des améliorations significatives, et des versions intermédiaires tous les six mois. L’innovation, pour nous, c’est aussi un moteur, un goût, un état d’esprit conforme à notre formation d’ingénieurs. Mais nous sommes conscients qu’innover ne suffit pas, il faut aussi vendre ! Après avoir structuré notre offre commerciale, nous développons aujourd’hui une offre « services », qui propose du conseil à la mise en place de notre outil chez le client.
Vous réalisez 70% de votre CA à l’international. Est-ce un choix de départ ?
Tout à fait. Le marché nord-américain, par exemple, est beaucoup plus mature que l’Europe pour tout ce qui concerne le web et les achats en ligne. Nous avons conçu notre site Internet et notre produit en anglais, avec un « look » très américain. Notre premier client était d’ailleurs une société américaine qui ne soupçonnait pas que nous étions français ! L’Amérique du Nord représente aujourd’hui la moitié de notre activité. Nous nous sommes posés la question d’ouvrir un bureau aux USA, mais c’est encore trop tôt. Nous avons opté pour un partenariat avec un agent commercial outre Atlantique, qui relance les prospects venus surfer sur notre site Internet. Nous allons sans doute faire de même dans d’autres pays.
Propos recueillis par Marie-Pierre Noguès Ledru
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